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Salle des Grands procès : le démontage a commencé
Publié le 21 mars 2025
Depuis le 3 mars 2025, la première phase des travaux de démontage de la salle des Grands procès du palais de justice de Paris a commencé. Le chantier comprend un travail de réhabilitation du bâtiment et de réemploi du mobilier et des matériaux. Il va s’échelonner jusqu’en 2030.

Le démontage de la salle des Grands procès du palais de justice de Paris a commencé le 3 mars 2025 et doit s'achever en septembre 2025. Il s’agit de la première phase d’un chantier qui va durer jusqu’en 2030. Il inclut notamment un travail de réhabilitation de la partie médiévale du bâtiment qui n’a pas été restaurée depuis l’incendie de 1870.
Le chantier est suivi par le service immobilier du ministère de la Justice et piloté par l’Agence publique pour l'immobilier de la justice (APIJ).
Une salle d’audience hors normes
C’est en prévision du procès des attentats du 13 novembre 2015 que le ministère de la Justice a souhaité créer une salle d’audience exceptionnelle permettant d’accueillir plus de 2 300 parties civiles, près de 330 avocats, 20 accusés et une régie pour enregistrer les débats.
Qualifié de hors normes, le procès des attentats du 13-Novembre, dont le dossier d’instruction comptait un million de pages, s’est tenu du 8 septembre 2021 au 27 juin 2022 dans cette salle de 700 m2, à la capacité de 550 places assises et spécialement aménagée dans la salle des pas perdus du palais de justice de Paris.
Initialement prévu en 2023, le démontage de la salle a été reporté à la demande de la cour d’appel de Paris, qui souhaitait pouvoir profiter de cette installation pour y tenir d’autres procès d’envergure. Elle aura finalement accueilli 12 procès, dont celui de l’attentat du 14-Juillet de Nice, celui de l’évasion de Rédoine Faid ou plus récemment celui de l'assassinat de Samuel Paty.
Une salle conçue pour être provisoire
La salle des Grands procès est située dans l’une des parties les plus anciennes du palais de justice historique de l’île de la Cité et classée au titre des monuments historiques. C’est pourquoi la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France et la Préfecture de police ont autorisé la construction d’une salle d’audience exceptionnelle, à titre dérogatoire, avec pour condition qu’elle soit provisoire et réversible.
Dès la conception de la salle, le choix des matériaux et les modes de construction ont répondu à des normes respectant le patrimoine et les enjeux de sécurité contre les risques d’incendie. Ainsi, l’interdiction de percer des trous dans les parties visibles des parois de la salle des pas perdus a contraint les équipes de maîtrise d’œuvre à trouver un système de charpente entièrement démontable. 92 points d’ancrage ont été réalisés au pied des piliers en pierre de la salle, sous le niveau du sol, pour soutenir la structure de la salle.
La première étape du chantier de démontage consiste à déposer cette structure. C’est l'une des missions les plus délicates, qui suivra pas à pas, mais en sens inverse, les étapes de sa construction. Le démontage de la salle doit durer six mois environ.
Un enjeu patrimonial
De la protection des sols à l’évacuation des éléments matériaux et du mobilier par les fenêtres de la salle des pas perdus, c’est un travail méticuleux et soigné qui va être entrepris pour respecter l’ensemble patrimonial.
Au-delà du démontage de la salle, ce chantier est l’opportunité pour le ministère de la Justice de répondre à des enjeux de préservation du patrimoine bâti du palais et de remise en service de certaines parties du palais historique, non exploitées à ce jour. Des travaux structurels vont renforcer les fondations du bâtiment médiéval, qui a subi de nombreux désordres au fil de temps. Des fouilles archéologiques vont être menées au niveau de la Conciergerie et avant l’implantation d’une grue dans la cour des Hommes.
Ce chantier va aussi permettre la remise en état de huit salles d’audience civiles, dont l’ancienne grande chambre du tribunal de grande instance, ainsi que la création de huit nouvelles salles et de nouveaux bureaux pour la cour d’appel.
Réemploi des matériaux et du mobilier
Pour le démontage de la salle des Grands procès, l’architecte en chef des monuments historiques s’est associé à un bureau d’études spécialisé en déconstruction et en réemploi. Les premiers éléments démontés sont le matériel audiovisuel (caméras, micros, écrans) et les équipements électroniques de sûreté (caméra et écrans). Ils vont être intégralement réutilisés en interne par la cour d’appel de Paris. Les bancs, les tables d’avocat et une partie des parements en bois vont bénéficier d’une seconde vie soit au palais de justice soit dans les tribunaux judiciaires d’Amiens, de Beauvais et de Toulouse.
Les plafonds, les murs en placo, les luminaires, les câbles en cuivre, les plaques de verre et la structure en acier, plus complexes à réutiliser, vont être revendus conditionnés par lots, en vue d’être réemployés ou recyclés. En tout, ce sont 15 personnes qui sont chargées quotidiennement de ce travail minutieux de récupération des matériaux.
Certaines pièces plus symboliques comme la balance de la justice, placée au-dessus de la table de justice, la barre des témoins, des bancs et l'enseigne lumineuse de la salle seront versées au futur Musée-Mémorial du terrorisme (MMT), dont la construction est prévue à Suresnes (Hauts-de-Seine). En attendant, ces éléments seront conservés par l’entreprise en charge de la déconstruction.
Le démontage de la salle Grands procès
Images de la salle, de son mobilier, de ses décorations, notamment des scultptures.
Philippe Monnot, chef du service immobilier ministériel du ministère de la Justice parle sur ces images :
"Vous êtes ici dans ce qu'on appelle la salle des Grands procès. Donc une salle qui a été spécialement construite au sein du palais de justice de l’île de la Cité pour y organiser notamment le procès dit le procès V13, le procès des attentats du Bataclan, mais qui a également accueilli une douzaine de procès, des procès anti-terroristes pour la plupart.
Cette salle avait été construite de manière provisoire pour répondre à ce besoin-là. Provisoire, parce qu'on est ici dans un espace patrimonial que l'on se doit de conserver, donc on ne pouvait pas laisser cette salle de manière définitive."
Images du chantier : pancarte, ouvriers à pied d'oeuvre. Philippe Monnot poursuit :
"L'heure est venue maintenant de déconstruire cette salle, et c'est ce qui a commencé depuis le 3 mars 2025.
Cette salle est unique par ce qui s'est passé, elle a acquis cette renommée. Les procès qui s'y sont passés ont été des procès importants pour la République, importants pour le peuple français, importants pour le ministère de la Justice évidemment."
Images du palais de justice avec ses sculptures, son grand escalier... Philippe Monnot conclut :
"Cette salle va retourner à son état initial qui était la salle des pas perdus. Donc un grand espace dans lequel les gens peuvent venir entre deux audiences pour se détendre, où il y a souvent des conciliabules entre l'avocat et son client. Donc cette salle ne recevra rien d'autre que ce pour quoi elle a été conçue, c'est-à-dire finalement laisser un espace de respiration au sein du palais."
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