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A Rouen, le déconfinement en zone verte

Publié le 28 mai 2020

Après deux semaines de déconfinement, le tribunal judiciaire de Rouen reprend progressivement une activité normale, dans le respect des mesures sanitaires. Comme dans l'ensemble des juridictions, l'heure est aux priorités et à « l'adaptation ».

A Rouen, le déconfinement en zone verte

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Sous la voûte en bois de la grande salle des pas perdus du Tribunal judiciaire de Rouen, des rangées de sièges ont été installées et placées à bonne distance les unes des autres. Un siège sur trois seulement est accessible. Dans les couloirs parfois exigus de l'ancien Parlement de Normandie, des marquages au sol délimitent strictement les voies de passage. Les bureaux et les salles d'audience aux décorations gothiques sont désormais hérissés d'écrans anti-projections en plexiglas. Faute de lingettes - bientôt livrées - des sprays désinfectants sont toujours à portée de main.

Dans cette juridiction en zone verte, qui n'a pas été touchée par le virus, le port du masque est fortement recommandé et devient obligatoire lorsque les règles de distanciation ne peuvent pas être respectées; des affiches sensibilisent le public à son importance. Plus de 2000 masques ont déjà été distribués aux personnels judiciaires et une partie des 5000 encore en réserve trône dans le bureau de Gaelle Bossard, directrice des services de greffe, à côté d'une centaine de visières en plastique, disponibles sur demande. Derrière le masque elle est souriante : « plus de 70% des personnels de greffe sont déjà revenus, la plupart des gens avaient hâte de reprendre. La première semaine a été consacrée à se réapproprier le bureau et prioriser les tâches. Nous concentrons nos efforts sur les convocations pour l'instant ». Elle attend un réapprovisionnement en gel hydroalcoolique dans l'après-midi - « ca part à une vitesse folle !».

A Rouen, le déconfinement en zone verte

Dès l'entrée et dans chaque pièce, d'imposants bidons de gel hydro alcoolique accueillent effectivement justiciables, avocats et personnels judiciaires. « C'était fondamental que chaque bureau soit autonome dans un bâtiment ancien comme le nôtre dont les pièces sont séparées par de nombreuses portes en bois qui sont autant de vecteurs de transmission »souligne Valérie Delnaud, présidente de la juridiction. Pour assurer le respect des distances de sécurité et prendre en compte des problématiques de garde d'enfants,  le recours au télétravail est encore important. ».

Une navette apporte deux fois par semaine les dossiers aux fonctionnaires ne pouvant se déplacer. Pour faciliter les transports et les questions de stationnement en centre-ville, l'imposante cour d'honneur du bâtiment, habituellement réservée aux véhicules pour les extractions ou défèrements , a été mise à la disposition des personnels judiciaires. Des aménagements d'horaires sont autorisés, les locaux ont été réorganisés - au JAF les tables ont pu être espacées, une salle de réunion du parquet a été transformée en bureau et certaines audiences en cabinet se tiennent désormais dans la bibliothèque.

Pour le procureur de la République, Pascal Prache, « le maître mot reste l'adaptation ». Un exemple parmi d'autres, « les extractions ont été tant que possible remplacées par des visioconférences avec la personne détenue afin de limiter les allers-retours avec la maison d'arrêt et de ne pas exposer les protagonistes inutilement». L'objectif est désormais de traiter le stock des deux mois de confinement et « retrouver de la marge opérationnelle quant à l'audiencement des procédures– cela prendra du temps ». Cette masse de dossiers est toutefois moins importante que redoutée, l'action pénale à Rouen ayant « connu pendant le confinement une baisse significative de la délinquance, avec seulement 500 gardes à vue en flagrance sur la période – soit 3 à 4 fois moins qu'en temps normal ».

Retrouvez notre entretien avec Valérie Delnaud et Pascal Prache, respectivement présidente et procureur de la République du Tribunal judiciaire de Rouen.

©MJ/DICOM