La loi du 26 juillet 2019 « Pour une école de la confiance » a instauré, en plus de l’obligation d’instruction jusqu’à 16 ans, une obligation de formation pour les 16-18 ans – obligation qui s’applique aux jeunes suivis par la justice. Le renforcement de la prise en charge et de la réinsertion des personnes placées sous main de justice, dont les mineurs et jeunes majeurs pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse, permet de mieux prévenir la récidive.
Qui sont les publics concernés par l’accompagnement de la PJJ ?
Dans ses missions de lutte contre la délinquance, la protection judiciaire de la jeunesse prend en charge principalement les mineurs et jeunes majeurs jusqu’à 21 ans qui font l’objet de poursuites pénales donnant lieu au prononcé d’une mesure par la justice.
En quoi consiste l’intervention de la PJJ ?
L’intervention de la PJJ vise à lutter contre la récidive en permettant au jeune de s’insérer dans la société. L’action éducative mise en œuvre par l’ensemble des professionnels de la PJJ intègre un travail de réflexion sur l’acte commis, les relations familiales et plus largement ses capacités à s’inscrire dans un projet de parcours d’insertion.
À travers son accompagnement, l’objectif de la PJJ est de favoriser le maintien ou le retour des jeunes vers les dispositifs de droit commun de scolarité, de formation, voire d’accès à l’emploi.
La PJJ est également susceptible, pour les jeunes les plus en difficulté dans leur parcours d’insertion, de mobiliser son dispositif d’insertion dédié via les unités éducatives d’activités de jour (UEAJ).
Dans une démarche de prévention de la délinquance, la PJJ y accueille également de façon minoritaire une part de jeunes déscolarisés ou sans solution d’insertion qui n’ont pas commis d’infraction pénale.
Comment le parcours d’insertion d’un jeune PJJ est-il construit ?
Une évaluation individualisée de la situation scolaire et professionnelle de chaque jeune faisant l’objet d’une mesure judiciaire est réalisée. L’objectif de cette évaluation est de faire le point sur sa situation (scolarité ou formation, résultats, assiduité), d’identifier les freins qui pourraient compromettre son insertion (difficultés d’apprentissage, addictions, difficultés dans les relations familiales, inaccessibilité des lieux d’insertion…), mais aussi ses appétences et ses souhaits, pour l’inscrire dans une dynamique de réussite.
À l’issue de cette évaluation, la PJJ met en place pour chaque jeune un suivi individualisé qui facilite sa mobilisation ou sa remobilisation. Le parcours d’insertion ou le projet professionnel est construit avec lui pour favoriser son adhésion et associe les titulaires de l’autorité parentale.
Comment le parcours d’insertion est-il mis en œuvre ?
Généralement, le jeune est accompagné par une équipe éducative pluridisciplinaire (éducateur, psychologue et assistante de service social) qui, à partir d’entretiens individuels et familiaux, évalue sa problématique et élabore avec lui un projet d’insertion scolaire et professionnelle adapté à ses besoins et ses appétences. Dans ce cadre, il peut également rencontrer un correspondant insertion pour affiner son orientation.
Une fois le parcours d’insertion défini (scolarisation, découverte de différents secteurs professionnels, formation…), il peut être mis en œuvre :
- au sein des dispositifs de droit commun (dans un établissement d’enseignement ou de formation public ou privé sous contrat, placement en internat scolaire…) ou spécialisés (établissements régionaux d’enseignement adapté, institut médico-éducatif…), avec un suivi régulier des professionnels de la PJJ ;
- dans le cadre de structures de la protection judiciaires de la jeunesse : unités éducatives dédiées ou au sein de la structure de placement qui accueille le jeune.
Les plus vulnérables d’entre eux sont accompagnés vers des dispositifs adaptés au sein desquels ils sont encadrés par les professionnels de la PJJ pour travailler sur l’ensemble des prérequis nécessaires à leur insertion, en fonction de leurs besoins et de leurs compétences :
- les soins, l’éducation à la santé, les actions de prévention ;
- l’acquisition de valeurs, de règles communes, de codes sociaux qui préparent le terrain de l’insertion sociale et professionnelle ;
- l'accès aux savoirs de base (lire, écrire, compter…) et les connaissances nécessaires à la vie courante (utilisation des outils numériques, attestation de sécurité routière…).
Quelles que soient la sanction prononcée et les modalités de prise en charge du mineur, les mesures éducatives et le parcours d’insertion sont au cœur de l’action de la PJJ.
Unités éducatives d’activités de jour : de quoi s’agit-il ?
Situées sur l’ensemble du territoire, les 99 unités éducatives d’activité de jour (UEAJ) accueillent 5 848 jeunes (chiffres 2025). Ces jeunes, qui peuvent vivre dans un établissement de placement, en famille d’accueil, en hébergement semi-autonome ou au sein de leur famille, y bénéficient d’une action éducative et s’inscrivent dans un parcours d’insertion. Des activités et des ateliers pédagogiques sont organisés pour qu’ils acquièrent des compétences, tant en matière de savoir-être que de savoir-faire.
Les UEAJ ont pour mission principale de compléter l’évaluation des jeunes précédemment réalisée (sur le plan scolaire mais aussi en prenant en compte la santé physique et psychique) et de mettre en place en place un parcours d’insertion. Ce dernier comprend différentes dimensions : remédiation scolaire, ateliers préprofessionnels, activités physiques et sportives, activités culturelles. Parmi les spécialités proposées dans les ateliers préprofessionnels, la restauration, le génie civil (bois, construction, métallerie) ou l’horticulture. Dans le cadre de ces parcours, les jeunes de plus de 16 ans peuvent bénéficier du statut de stagiaire de la formation professionnelle.
L’objectif est de préparer ces jeunes à intégrer les dispositifs de droit commun, que ce soit pour un retour à la scolarité, une orientation vers la formation professionnelle ou l'insertion dans l’emploi.
Qui intervient dans ce parcours d’insertion ?
L’accompagnement des jeunes dans leur parcours d’insertion est le fruit d’un travail partenarial orchestré par la PJJ : professionnels de la PJJ (éducateurs, professeurs techniques, correspondants insertion, …), Éducation nationale et missions locales (dans le domaine de l’accompagnement vers l’insertion).
La restauration, un domaine à forte employabilité
Parmi les secteurs professionnels que les jeunes peuvent découvrir au sein des UEAJ, les métiers de la restauration occupent une place de choix. La PJJ dispose de 27 restaurants d’application pouvant accueillir chacun quatre à six jeunes. Encadrés par des professeurs techniques, des éducateurs et des adjoints techniques cuisine, ils y développent des compétences pour le service en salle ou la cuisine et sont mis en conditions réelles de travail (gestes professionnels, respect des horaires, des consignes, accueil du public…). L’un des objectifs est de les accompagner dans la découverte des métiers et de les préparer à intégrer des formations qualifiantes : certificat d’aptitude professionnelle (CAP), certificat de qualification professionnelle (CQP). Les compétences acquises pourront aussi être transférées vers d’autres filières.
Télécharger le guide des restaurants27 La PJJ dispose de 27 restaurants d'application où les jeunes peuvent découvrir des métiers et se préparer à intégrer des formations qualifiantes.
Le sport, levier d’insertion professionnelle
Le sport – au même titre que l’art et la culture – permet le développement de compétences qui facilitent l’insertion dans la vie professionnelle : apprendre à respecter les règles, s’inscrire dans un projet collectif, s’approprier des valeurs républicaines, prévenir les conduites à risque…
Au-delà d’une pratique régulière proposée à l’ensemble des jeunes suivis par la PJJ, le sport peut constituer une voie d’insertion. Ainsi le dispositif Sesame (Sésame vers l’emploi pour le sport et l’animation dans les métiers de l’encadrement) permet à certains d’entre eux d’être accompagnés, dans le cadre de leur parcours individualisé, vers une formation d’éducateur sportif ou d’animateur.
Intégré au plan #1jeune1solution, le dispositif Sesame est né d’un partenariat entre la PJJ et la direction des Sports.
Les dispositifs de sensibilisation à la citoyenneté et d’insertion socio-professionnelle via la découverte du monde militaire
En 2021, les ministères de la Justice et des Armées ont signé un partenariat visant à développer des actions de citoyenneté et d’insertion pour les jeunes pris en charge par la PJJ. De nombreux dispositifs existent, au niveau local comme au niveau national.
- Les périodes d’immersion militaire (PIM) sont des séjours d’environ 12 jours, intégrés au projet pédagogique d’un centre éducatif renforcé (CER). Ces stages d’immersion ont pour but de créer une rupture dans la vie et le quotidien des jeunes par la participation à une activité « hors-norme » dans un esprit militaire. Ils leur permettent de découvrir les armées, en développant leur goût de l’effort, l’esprit citoyen et le respect de l’autorité en passant par des phases de rupture, d’insertion et de visites d’unités militaires.
- Les modules armées-nation (MAN). Ces modules de sensibilisation à la citoyenneté, qui préparent à l’insertion socio-professionnelle, sont développés dans les centres éducatifs fermés par des professionnels de la PJJ, de l’Éducation nationale et du régiment militaire partenaire. Les MAN durent une vingtaine d’heures et proposent entre autres une visite d’unité militaire, la participation à une cérémonie patriotique, un rallye citoyen ou un challenge sportif. Les jeunes ayant participé au MAN reçoivent un certificat au cours d’une cérémonie citoyenne.
- Les stages d’immersion au sein du service militaire volontaire (SMV). Le SMV est un dispositif d’insertion socio-professionnelle destiné aux jeunes éloignés de l’emploi. Il leur permet d’apprendre un métier ou d’acquérir une expérience professionnelle, et inclut une remise à niveau scolaire si nécessaire. À l’issue du SMV, 86 % des volontaires trouvent une solution d’insertion. Pour permettre aux jeunes de tester leur motivation et leur capacité à s’engager au sein du SMV, des stages de découverte sont co-construits avec la PJJ : vie en collectivité au sein d’unités militaires, port de l’uniforme, activités sportives, mission citoyenne, simulateur de conduite… Ces stages sont organisés sur cinq journées s’étalant sur deux mois. Ils permettent aux jeunes de la PJJ de découvrir le service militaire volontaire et de confirmer leur intention de se présenter au parcours de recrutement pour devenir volontaires pour le SMV. Il s’agit également de les sensibiliser à l’environnement et au rythme du SMV, de s’assurer de leur aptitude à s’immerger progressivement dans un cadre exigeant.
86 % C'est le pourcentage de jeunes qui trouvent une solution d'insertion à l'issue d'un stage d’immersion au sein du service militaire volontaire (SMV).
- En outre-mer, un dispositif similaire a été développé au sein du service militaire adapté (SMA), très identifié dans les territoires ultramarins.
- Par ailleurs, des unités militaires réparties sur l’ensemble du territoire sont référencées auprès de l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle (ATIGIP) pour accueillir des jeunes condamnés à des peines de travail d’intérêt général (TIG) ou à des travaux non rémunérés (TNR).
- Au-delà de ces dispositifs nationaux, de nombreuses initiatives locales essaiment sur les territoires : sessions de présentation des métiers militaires à destination des jeunes de la PJJ ; actions d’insertion menées avec les Armées ; actions de découverte du monde militaire (visites de régiments, participation aux cérémonies de levée des couleurs) ; actions de sensibilisation citoyenne et mémorielle (participation à des cérémonies mémorielles, visites de lieux mémoriels, expositions sur des figures de la Résistance, etc.) ; mise en œuvre de décisions judiciaires par les Armées (stages de citoyenneté, mesures de réparation).
En 2024 le partenariat Justice/Armées s’est donc déployé, toutes actions confondues :
- sur l’ensemble du territoire national ;
- via l’organisation de plus d’une centaine d’actions (dispositifs nationaux et initiatives locales) ;
- au profit d’environ 400 jeunes et de nombreux professionnels.
L’ensemble de ces dispositifs participent pleinement à la lutte contre la récidive et la prise en charge des jeunes de la PJJ.