[Archives] Parrainage des jeunes sous mandat judiciaire
Publié le 24 janvier 2006
Discours de Pascal Clément, ministre de la Justice, garde des Sceaux lors du premier rassemblement des parrains
Mesdames et Messieurs,
J’ai voulu vous réunir aujourd’hui et je vois que vous êtes nombreux, autour du projet qui nous rassemble: le parrainage des jeunes placés sous main de justice par des chefs d’entreprise, des cadres de la Nation, des artisans, des représentants des professions juridiques et bien d’autres encore.
Le 14 décembre 2005, j’ai annoncé cette action de parrainage, préparée depuis des mois, qui s’inscrit dans l’expérience que j’ai menée dans la Loire en faveur des jeunes depuis plus de 10 ans.
J’étais entouré de Sophie de MENTHON et de Pierre GAGNAIRE, marraine et parrain de l’opération.
Depuis le 14 décembre, je sais que vous avez répondu à l’appel qui vous a été adressé en vous inscrivant en ligne sur le site du ministère, en prenant contact avec la protection judiciaire de la jeunesse, en faisant savoir spontanément que vous étiez prêt à vous engager dans le parrainage.
Toutes ces initiatives sont extrêmement précieuses, elles permettent de constituer le réseau des parrains dans sa diversité et de répondre ainsi à la multiplicité des situations des jeunes, qui vont être parrainés.
J’ai souhaité que cette action s’intitule « faisons de 2006 un marchepied pour l’avenir ». L’image du marchepied, est celle du logo de l’action parrainage : deux mains qui se rencontrent pour faire la courte échelle, en faveur de celui ou de celle qui a raté une marche de la vie. C’est exactement l’état d’esprit qui est le mien, en menant cette action.
Je ne pourrai citer tous ceux qui ont répondu à mon appel, les réseaux d’entreprise se sont manifestés très vite : ETHIC, CroissancePlus, Entreprise et progrès. Plusieurs fédérations d’entreprises ont accepté de relayer auprès de leurs membres mon message et plusieurs de leurs présidents ou secrétaires généraux sont ici. Les grands groupes industriels ont également répondu présent, tels que Total, Suez, Sodhexo, Andros et bien d’autres. Des réseaux tels que Femmes Débats Sociétés au sein duquel des femmes ont pris l’initiative de mobiliser dans leur région d’autres chefs d’entreprise, le Mouvement des Cadres Chrétiens, la chambre nationale des huissiers, le conseil supérieur du notariat, le barreau qui vient d’être sollicité, des associations d’anciens de grandes écoles telles que l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers, l’Ecole Supérieure de Commerce (ESP – EAP), l’ESSEC ont souhaité nous rejoindre. Je pense enfin à tous les particuliers qui se sont proposés, parmi lesquels d’ailleurs des retraités qui pourront devenir accompagnateurs de parrainage.
Ils sont aujourd’hui 250 à avoir répondu positivement. Ils permettront de donner un nouvel espoir à ces jeunes qui croient souvent que le monde professionnel leur est interdit.
Un formidable élan de générosité s’est manifesté et vous en témoignez aujourd’hui par votre présence. Accomplir une démarche citoyenne, donner de son temps, s’engager pour les jeunes, autant de raisons qui vous ont conduit à répondre positivement.
Aujourd’hui je vous ai réunis pour répondre avec vous à trois questions:
- quel est l’objectif du parrainage des jeunes?
- comment se déroulera une action de parrainage?
- qui sont les parrains, qui sont les jeunes qui vont leur être confiés, comment et par qui seront-ils encadrés?
L’objectif du parrainage:
Il est simple. Je pars du constat que l’insertion professionnelle des jeunes est difficile et que celle des jeunes placés sous main de justice l’est souvent encore plus. Je souhaite y remédier, le parrainage ce n’est pas une solution miracle mais c’est « un plus ».
Sophie de MENTHON a eu cette expression que je retiens « faire un bout de chemin avec eux ». Et c’est dans cet esprit qu’elle a mobilisé avec beaucoup d’enthousiasme de nombreux membres de son réseau.
Comment se déroulera une action de parrainage?
Je prends une formule simple, certainement réductrice « en 2006, offrez 6 heures de votre temps »
Le parrainage est une action bénévole, elle doit rester souple dans ses modalités et doit s’adapter à chaque cas présenté par un jeune.
Elle peut se décliner en quatre étapes
- la rencontre du jeune avec son parrain pour un entretien,
- un stage découverte de l’entreprise ou si l’âge du jeune le permet une formation en alternance,
- la rencontre avec un DRH pour apprendre à rédiger un curriculum vitae, à se présenter lors d’un entretien d’embauche,
- la rencontre finale avec le parrain pour que celui-ci lui ouvre son carnet d’adresses.
Comment les jeunes seront-ils encadrés, qui va les proposer pour le parrainage ?
Ces questions sont celles que tout parrain se pose et auxquelles il faut apporter des réponses claires et précises.
Aujourd’hui, sont présents les quinze directeurs régionaux de la Protection Judiciaire de la Jeunesse ainsi que sept correspondants régionaux d’insertion. Ils sont tous mobilisés pour que les jeunes qui leur sont confiés puissent être orientés vers le parrainage, ils vous diront dans un instant comment ils ont travaillé. Guy BEZAT, récemment nommé à la tête de la direction régionale d’Ile de France, expliquera comment l’Institution Judiciaire s’est investie dans ce projet.
L’association Agir abcd, évoquera par la voix de son président, son rôle en tant qu’accompagnateur de parrainage, et expliquera l’expérience qu’elle a, dans ce domaine, depuis plusieurs années.
Qui sont les parrains? Quel est le sens de leur engagement? Comment les jeunes vont leur être confiés?
Cette rencontre aujourd’hui rassemble les parrains, et l’on imaginerait pas de ne pas les entendre. Certains vont témoigner en votre nom et par la suite un temps d’échange et de débats aura lieu. Je donnerai la parole à Monsieur Jean-François ROUBAUD, Président de la CGPME, qui relayera le message du parrainage au sein de sa fédération, puis à Edith HENRION D’AUBERT, Directrice générale de CroissancePlus qui dira comment son réseau s’est mobilisé.
Philippe SALLE, Président du groupe Védior France est l’un des premiers à s’être manifesté, Yves de la VILLEGUERIN, Directeur général du groupe revue fiduciaire a accueilli un jeune dans son entreprise, des images filmées nous montreront comment ce premier parrainage s’est déroulé. D’autres viendront également apporter leur expérience, ainsi Monsieur EBERLIN, coiffeur à Wittenheim dans le Haut-Rhin, a déployé une énergie étonnante, demain d’ailleurs je me rendrai dans sa région pour me rendre compte sur place de la sensibilisation de tout un réseau d’artisans et de chefs d’entreprise dans sa région. Enfin Frédéric PEYRE, directeur d’Amplitude communication témoignera également de son engagement.
Merci donc déjà à tous, merci d’être présents et commençons à nous tourner vers la protection judiciaire de la jeunesse dont le rôle est essentiel pour la bonne marche du projet.
La présence de chacun doit maintenant être relayée. J’invite tous les chefs d’entreprise, les cadres du secteur privé et du secteur public, les commerçants et artisans à se mobiliser pour donner à notre jeunesse de nouvelles perspectives d’avenir.
C’est tous ensemble que nous redonnerons un sens à la cohésion sociale et la solidarité entre les générations.