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Les lieux de justice

L’architecture des lieux de justice n’a cessé d’évoluer. Spécifique, elle reflète l’image et les symboles que le pouvoir judiciaire a souhaité transmettre aux citoyens au cours des siècles.

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Une architecture imposante

Au début du Moyen Âge, la justice est le plus souvent rendue en plein air, sous un arbre. Peu à peu, les bancs de justice apparaissent sur le parvis des églises. Puis les plaids médiévaux, assemblées de justice, se tiennent en plein air dans un enclos sacré.

Au XIIe siècle, la magistrature se développe et se sédentarise dans des maisons de justice ou auditoires de justice. La nécessité de lieux spécifiques à la justice apparait. Les bâtiments ne possèdent pas encore leur forme caractéristique et facilement identifiable, à l’image du parlement de Bretagne et de sa façade symétrique.

Dans la continuité de la Révolution française, 29 cours d’appel et 500 tribunaux de première instance sont créés ; un programme de construction est lancé. Ces nouveaux lieux de justice républicains prennent la forme de palais de justice de style néo-classsique et monumental. Situés au cœur des villes, ils se distinguent par leur entrée surélevée. Leur péristyle à colonnes, surmonté d’un fronton triangulaire, évoque un temple grec. Les magistrats exercent la justice sur une estrade surélevée dans les salles d’audience. L’architecture de ces palais de justice symbolise un pouvoir judiciaire imposant et répressif.

Jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, on construit moins de palais de justice. Les éléments monumentaux laissent place à des constructions plus fonctionnelles et accueillantes, symboles d’ouverture et de transparence.

Des lieux de justice plus fonctionnels

Les années 70 voient émerger les cités judiciaires. Pensées pour être fonctionnelles et accueillantes, les cités judiciaires apportent une connotation plus humaine aux lieux de justice. Les salles des pas perdus sont remplacées par des halls d’accueil où les citoyens sont orientés vers les différents services et juridictions. Une douzaine de cités judiciaires sont alors construites autour de deux principes : l’attention aux justiciables et l’insertion dans la ville.

A la fin des années 80, ces bâtiments fonctionnels sont critiqués pour leur manque de solennité. On revient à l’idée du palais de justice qui rassemblerait, en un même lieu, les différentes fonctions de l’institution judiciaire : sanction, conciliation, accueil des justiciables, bureaux des magistrats et des auxiliaires de justice.

De nouveaux programmes de construction sont lancés. Le défi à relever est colossal : faire face à l’explosion du contentieux et à l’augmentation du nombre de magistrats. Ces nouveaux bâtiments doivent concilier trois types d’espaces distincts : accueil, salles d’audience et espaces de bureaux.

À partir de 1992, 25 concours sont organisés. Ils attirent les plus grands noms de l’architecture : Richard Rogers à Bordeaux, Jean Nouvel à Nantes, Christian de Portzamparc à Grasse. Une grande latitude est laissée aux architectes. Ces nouveaux édifices se caractérisent par leur inventivité. Ils affirment le prestige et la visibilité du pouvoir judiciaire dans la ville, tout en le rendant plus accessible, à l’image du tribunal judiciaire de Paris.

Quelle que soit la période, la salle d’audience demeure le lieu solennel où se rend la justice. Elle est généralement constituée de trois zones : l’auditoire où s’assied le public, le prétoire dédié à la partie civile, à gauche. La partie de droite est réservée à la défense, avec le box des accusés. Le président et ses assesseurs siègent au centre de la tribune, au fond de la salle.

Les symboles et les allégories de la justice sont présents dans tous les bâtiments au cours des siècles : le glaive et la balance, la main de justice, les inscriptions renvoyant à la loi, le caducée ou le serpent...