Typologie de contenus: La justice en France

De grands procès ont marqué les époques, par la gravité des actes commis et par les jugements prononcés. Abondamment documentés, les grands procès du XXe siècle éclairent le citoyen sur l’évolution du droit, de la justice et plus largement sur l’histoire de la société.

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Les grands procès du XXe siècle

Les grands procès du XXe siècle renvoient tous à des actes qui ont heurté les consciences. D’une guerre mondiale à l’autre, des affaires d’une gravité extrême ont transporté les audiences dans une dimension singulière où la nature humaine a été questionnée de façon inédite. On pense aux différents assassinats d’Henri-Désiré Landru, au parricide de Violette Nozière, aux atrocités commises par les sœurs Papin sur leur patronne, à celles du docteur Marcel Petiot sur une majorité de Français juifs, dans Paris occupé par les Allemands.

Landru et Petiot, qui ont rivalisé dans l’horreur, montent à l’échafaud. Violette Nozière, condamnée à mort, est graciée en 1934, puis réhabilitée en 1963. Christine Papin bénéficie aussi d’une grâce avant de glisser vers la folie. Libérée à l’issue de sa peine, Léa Papin ne fera plus parler d’elle.

Les procès de Pétain et de Laval

Après la Libération, les procès du maréchal Pétain (23 juillet-15 août 1945) et de Pierre Laval (4-9 octobre 1945) ont lieu devant la Haute cour de justice. Pour Laval, il s’agit d’une justice transitionnelle mise en œuvre pour tenter de faire face aux exactions commises. Laval est fusillé derrière la prison de Fresnes après avoir tenté d’échapper à l’exécution en avalant une fiole de cyanure. Condamné à mort, Philippe Pétain est gracié par le général de Gaulle et meurt en détention sur l’île d’Yeu, en 1951.

Le procès de Bobigny

Dans les années 70, alors que les revendications féministes grandissent, le procès de Bobigny fait grand bruit. L’affaire concerne l’avortement d’une mineure après un viol. L’avocate Gisèle Halimi fait alors le procès politique de la pénalisation de l’avortement. La jeune fille est relaxée et des peines symboliques sont prononcées à l’encontre de sa mère et de la femme ayant pratiqué l’avortement. Ce verdict ouvre la voie à la loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui sera portée par Simone Veil, alors ministre de la Santé. Le temps des « faiseuses d’anges » est révolu.

Les procès Christian Ranucci et Patrick Henry

Au cours de cette même décennie, deux meurtres d’enfant bouleversent l’opinion. Christian Ranucci, accusé d’avoir assassiné une fillette de huit ans, est guillotiné en 1976 alors que des zones d’ombre demeurent sur sa culpabilité.

En janvier 1977, Patrick Henry est jugé pour le meurtre d’un enfant de sept ans. L’opinion veut sa tête, mais il échappe à la guillotine grâce à la plaidoirie de Robert Badinter. L'avocat transforme le procès de Patrick Henry en procès de la peine de mort. C'est aussi l’une des étapes majeures vers l’abolition de la peine de mort en France. Celle-ci sera promulguée le 9 octobre 1981.

Des procès qui font évoluer la loi 

Les mentalités changent, les lois aussi. Robert Badinter, devenu ministre de la Justice, s’engage dans l’élaboration et le vote d’une loi autorisant l’enregistrement de certaines audiences. La loi tendant à la constitution d’archives audiovisuelles de la justice est adoptée le 11 juillet 1985. Elle va permettre de filmer trois procès relatifs à la Seconde Guerre mondiale, au titre des archives audiovisuelles de la justice : ceux de Klaus Barbie (1987), de Paul Touvier (1994) et de Maurice Papon (1997-1998).

Après les trois procès de l’accident industriel AZF (2009, 2013 et 2017), celui de la dictature chilienne (2010) et les six procès autour du génocide au Rwanda (2014-2022), quatre procès terroristes ont fait l’objet d’un enregistrement intégral. Parmi eux, le procès des attentats du 13 novembre 2015, qualifié de hors-normes : plus de 2300 parties civiles, près de 330 avocats, une salle de 500 places spécialement aménagée dans la salle des pas perdus du palais de justice de Paris, 20 accusés, un dossier d’instruction d’un million de pages, dix mois d’audience et 704 heures d’enregistrement.