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L'Ancien Régime (du XVIe au XVIIIe siècle) - La Révolution française (1789-1795) - Le Premier Empire (1795-1815) - Le XIXe siècle - Les bagnes (1748-1938) - Le XXe siècle
Naissance des "centrales"Les prisons sont rattachées au ministère de l'Intérieur et placées sous le contrôle des préfets. Mais l'autorité judiciaire reste seule investie des décisions pénales.
Les codes napoléoniens renforcent la répression, reprenant les châtiments physiques du boulet au pied du forçat et la flétrissure au fer rouge sur l'épaule.
A partir de 1803, des maisons centrales (par rapport à une circonscription militaire) sont ouvertes sur tout le territoire national. Installées dans les anciens biens nationaux, abbayes, séminaires ou citadelles, ces maisons centrales accueillent les condamnés à l'emprisonnement correctionnel de plus d'un an, les condamnés à la réclusion criminelle et les femmes condamnées aux travaux forcés.
Les prisons d'Embrun, Clairvaux, Fontevrault, le Mont-Saint-Michel, Loos, Poissy, Melun, Nîmes, Riom, Cadillac, Belle-Ile, Doullens, etc. sont successivement ouvertes pendant les premières années du XIXe siècle. Elles sont organisées autour d'immenses ateliers, où des milliers de détenus sont surveillés par une petite centaine de gardiens avec l'aide de la troupe chargée de la garde extérieure.
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Distribution du café aux condamnés. Maison centrale de Melun. |
La cellule ou le dortoir ?La question des prisons est débattue dans toute l'Europe, au début du XIXe siècle.
La maison de force de Gand, en Belgique, organise le travail pénal autour d'impératifs économiques. Le monde anglais y ajoute le principe de l'isolement conformément aux idées du philanthrope John Howard : isolement nocturne et travail en commun le jour, propreté et discipline (L'Etat des prisons, 1788).
Le système pénitentiaire des États-Unis, sous l'influence des Quakers puritains, préconise la régénérescence des prisonniers par l'isolement, le travail et la prière.
Le pénitencier de Cherry Hill à Philadelphie, construit en 1822, applique le régime de l'isolement cellulaire de jour comme de nuit. La prison d'Auburn, construite à New-York de 1816 à 1825, allie l'isolement en cellule la nuit et le travail en commun le jour dans des ateliers, en silence, sous la menace du fouet.
La parution en 1833 de l'ouvrage d'Alexis de Tocqueville sur le système pénitentiaire américain conforte le débat intellectuel et politique sur l'application en France du système pennsylvanien de Philadelphie ou du système auburnien de New-York. Cette réflexion sur l'isolement cellulaire susceptible d'éviter la récidive perdure tout au long du XIXe siècle.
Des circulaires de 1836 et 1841 prévoient la construction de nouvelles maisons d'arrêt et de correction en fonction de l'application du principe de l'emprisonnement cellulaire pour les courtes peines. A Paris, sont édifiés la Petite Roquette (1836), Mazas (1840) et le Dépôt du Palais de Justice.Au début du Second Empire, on compte 45 établissements cellulaires comprenant 15 000 cellules et 15 autres en construction.
Pour des raisons d'économie, Persigny, ministre de l'Intérieur de Napoléon III, recommande aux départements de ne plus construire de prisons de type cellulaire. Seule, la maison d'arrêt de la Santé est construite en 1867 avec un quartier cellulaire pour les prévenus.À l'issue d'une enquête parlementaire menée en 1872 et devant les problèmes posés par la récidive, la Troisième République réintroduit le régime cellulaire dans toutes les prisons départementales par la loi du 5 juin 1875 : les détenus, prévenus et condamnés doivent être séparés de jour comme de nuit, enfermés seuls et en silence. Des réductions de peine sont accordées aux condamnés à moins d'un an qui choisissent ce mode d'enfermement. Les détenus sont astreints au port de la cagoule dans tous leurs déplacements dans la détention. La chapelle des établissements est généralement construite en alvéoles assemblées de manière à ce que les détenus puissent assister aux offices sans se voir entre eux.Ces règlements seront appliqués jusqu'à la seconde guerre mondiale.
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La Petite Roquette, 1836. |
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La prison de La Santé à Paris, construite en 1867 par l'architecte Vaudremer. |
Le quartier des prévenus applique le régime pennsylvanien de l'encellulement individuel jour et nuit. Le quartier des condamnés applique le régime auburnien du travail en commun le jour et de l'isolement cellulaire la nuit.
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Détenus en cagoule conduits au prétoire. Maison d'arrêt de Fresnes. Photo Henri Manuel, 1930. |
En application de la loi du 5 juin 1875 destinée à prévenir la récidive, les prévenus et les condamnés à moins d’un an d’emprisonnement pouvaient purger leur peine sous le régime de l’isolement cellulaire.
Les règlements intérieurs des établissements adaptés à ce type d’enfermement stipulaient que les détenus pour ne pas être reconnus étaient astreints au port du " capuchon belge ", sorte de cagoule en étamine de laine qui leur recouvrait le visage pendant les déplacements à l’intérieur de la prison ou lors des visites de personnes étrangères à la détention.
A Fresnes, en 1930, ce règlement était encore appliqué.
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Centre pénitentiaire de Clairvaux. "Cages à poules", 2002. |
Pendant le Second Empire, dans les grandes maisons centrales, des quartiers distincts furent institués afin de séparer les jeunes adultes des condamnés plus âgés. Des dortoirs cellulaires furent aménagés à l'aide de cloisons en bois à claire-voie. Les cellules ainsi délimitées sur un espace de 1,5m sur 2m furent appelées "cages à poules", par analogie avec le quartier de la "ménagerie" de la maison d'arrêt parisienne de Saint-Lazare où étaient enfermées les prostituées.
Le mobilier de la cellule se composait d'un lit en métal ou en bois, d'un matelas et deux couvertures, d'une tinette (vase de nuit) et d'un broc à eau.
Ce système de cellules préfabriquées était encore en usage dans les maisons centrales (Clairvaux, Eysses, Poissy, Melun) et dans les maisons d'éducation surveillée (Aniane, Saint-Hilaire, Saint-Maurice) dans les années 70.
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Confirmation à la Petite Roquette. Illustration parue dans le Petit Journal, en 1895 |
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Dortoir hommes, maison d'arrêt de Metz. Photo Henri Manuel, 1930. |
L'histoire des bagnes comprend deux grandes périodes :celle des bagnes métropolitains de 1748 à 1854,celle des bagnes coloniaux de 1853 à 1938 en Guyane et Nouvelle-Calédonie (le bagne de Nouméa fut en activité de 1863 à 1907). Les bagnes métropolitains L'ordonnance royale du 27 septembre 1748 remplace la peine des galères créée au XVIe siècle par la peine des travaux forcés dans les arsenaux.
Formée à Bicêtre, la chaîne des condamnés les conduit dès lors - à pied, en charrette, puis plus tard en wagon cellulaire- vers les ports de Toulon, Brest et Rochefort.
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Les forçats, gravure d'Henri Monnier, v. 1840. |
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Le cachot, gravure d'Henri Monnier v. 1840. |
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Entraves de bagnards, XIXe s. |
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Triptyque, Les mauvaises connaissances, v. 1835. |
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Victor Hugo, Les Misérables. Le bagnard le plus célèbre est sans doute celui qui inspira le personnage de Jean Valjean à Victor Hugo.Les bagnes coloniaux |
La loi du 30 mai 1854 institue le régime de la transportation pour les auteurs de crimes condamnés à la peine des travaux forcés par les cours d'assises. Des pénitenciers sont ouverts dans des conditions climatiques très dures à Cayenne, aux Îles du Salut, et à partir de 1858, à Saint-Laurent-du-Maroni. Le 27 mai 1885, une loi dite scélérate crée la peine de la relégation qui envoie en Guyane des milliers de petits délinquants récidivistes qui se mêlent aux criminels de sang dans les camps de Kourou, Saint-Laurent et Saint-Jean-du-Maroni.
De 1852 à 1938, ce sont près de 100 000 condamnés aux travaux forcés dont 2 000 femmes, qui, transportés, déportés ou relégués, ont fait route de Saint-Martin-de-Ré vers la Guyane et la Nouvelle-Calédonie (le bagne de Nouméa fut fermé en 1907).
Le 17 juin 1938, un décrêt-loi supprime la transportation pour les condamnés aux travaux forcés. Les bagnes de Guyane furent progressivement fermés et les derniers forçats regagnèrent la France en 1953.
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Henri Charrière, dit Papillon. Croquis de Nils, au palais de Justice de Paris en 1931. Henri Charrière fut condamné aux travaux forçés à perpétuité pour avoir tué son ami Roland Legrand le 28 octobre 1931. De sa vie en Guyane, il écrivit un livre à grand succès, Papillon. |
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Demande de punition pour cause d'écrits irrévérencieux et malveillants à l'adresse du maréchal Pétain, chef de l'Etat français". Saint-Laurent-du-Maroni, 1942. |
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Brique provenant des pénitenciers de Guyane. |
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Paysage du Maroni, Guyane. Tableau de Grilly, v. 1940. |
L'administration pénitentiaire est rattachée au ministère de la Justice en 1911.
Après la seconde guerre mondiale, les réformes mises en œuvre par le directeur Paul Amor aboutissent à l'instauration d'un régime progressif, allant de l'isolement cellulaire à la semi-liberté. L'amendement du détenu s'obtient par le travail qui reste obligatoire et par la formation professionnelle.
Les prisons départementales reviennent à la charge de l'Etat en 1947.
La guerre d'Algérie et l'incarcération des militants FLN retardent l'application des réformes et celle du nouveau Code de procédure pénale de 1958.De 1962 à 1973, 11 établissements pénitentiaires sont construits, parmi lesquels Fleury-Mérogis, souvent considérée comme la plus grande prison d'Europe, qui accueille 4 000 détenus dès 1967.Pendant la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, de graves mutineries éclatent dans la plupart des prisons françaises. Le garde des Sceaux Jean Lecanuet met en oeuvre "la réforme pénitentiaire de 1975". A côté des maisons d'arrêt pour prévenus et des maisons centrales où la discipline reste sévère, sont créés des centres de détention où sont accueillis les détenus qui présentent les meilleurs gages de réinsertion.En 1981, la peine de mort est abolie en France. La peine privative de liberté devient la peine maximale de référence.De 1981 à 1985, le garde des Sceaux Robert Badinter améliore la condition quotidienne des détenus par l'installation des télévisions dans les cellules, l'aménagement des parloirs sans dispositif de séparation et la suppression du costume pénal.En 1986, le travail obligatoire est aboli dans les établissements pour peine. La même année, le garde des Sceaux Albin Chalandon met en oeuvre le programme 13 000, faisant appel au secteur privé pour construire 25 nouveaux établissements pénitentiaires.Depuis 1995, d'autres programmes immobiliers ont été lancés. Le dernier datant de 2002 et prévoyant 13 200 nouvelles places dont 7 établissements pour mineurs. Actuellement (1er juillet 2006) la France compte 188 établissements, dont plus de 60 % sont des maisons d'arrêt.
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Batiment de détention et terrain de sport. Centre de jeunes détenus de Fleury Mérogis, juillet 1991. |
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Cellule type dans un établissement à gestion mixte du programme 13 000. |
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Centre pénitentiaire d'Avigon-Le Pontet ouvert en mars 2003. |
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Bureau d'accueil du service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) des Hauts-de-Seine, 1999. |
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Intérieur de l'unité de visite familiale (UVF) du centre pénitentiaire de Rennes, 2003. |