Séminaire de criminologie clinique
La maison d'arrêt de Nanterre a accueilli la troisième édition"
3 questions à Christelle Rotach, chef d’établissement de la maison d’arrêt de Nanterre.
Lundi 4 juin a eu lieu la remise des diplômes du séminaire de criminologie clinique à la maison d’arrêt de Nanterre. Ce séminaire permet à des personnes détenues et des étudiants de l’université de Nanterre de suivre et d’étudier ensemble des textes littéraires autour du crime.
Une quinzaine d’étudiants dont 6 personnes détenues ont suivi le séminaire d’étude du master 2 droit pénal de l’université de Paris-Ouest Nanterre. Ce séminaire a pour principal objectif de susciter une réflexion autour des œuvres étudiées et d’échanger avec des personnes extérieures à la prison.
1. Comment est née l’idée d’organiser un séminaire de criminologie avec l’université de Nanterre en milieu carcéral ?
« C’est à l’occasion d’un voyage d’étude dans une prison d’Etat de Pennsylvanie (USA) en 2009 que l’idée est née. Le précédent chef d’établissement, Pascal VION, avait pu assister lors de cette visite, à un programme réunissant des personnes détenues et des étudiants autour des questions de culte. L’idée était intéressante et permettait un lien entre la prison et l’extérieur axé sur le dialogue et l’éducation.
Dès 2010, un partenariat a été signé avec l’université de Nanterre dans le cadre d’un séminaire du master II de droit pénal ».
2. Quelles ont été les réactions des personnes détenues au cours de ce séminaire ?
« Après la nécessaire période de doute (certains ont parfois imaginé être sujets d'étude des étudiants présents) et d'observation, les participants détenus sont entrés dans une dynamique d'écoute. Chaque séance était construite autour de l'étude d'œuvres littéraires (L'Etranger d'Albert Camus, Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski, L'amante anglaise de Marguerite Duras) et suivie d'une discussion avec les participants.
Les étudiants ont pu aborder le droit pénal, la littérature, l'historiographie, le théâtre, ou encore la psychanalyse. Ils ont très souvent participé et se sont intéressés de près aux œuvres étudiées ».
3. Qu’apporte ce séminaire aux personnes détenues en terme de réinsertion ?
« Le séminaire n'ayant qu'une ancienneté de 3 ans, les effets à long terme sont difficilement évaluables. Néanmoins, le cadre relationnel étant différent (il ne s'agit plus d'aide ou d'assistance), la discussion ainsi établie autour des textes est plus valorisante. De plus, l'inscription dans la démarche requiert des participants assiduité et engagement ».
Lors de la séance de clôture, un certificat de participation et un livre ont été remis à tous « les élèves ». Suite à cette expérience, 2 étudiants de l'université ont réussi le concours de conseiller d'insertion professionnel. Le séminaire devrait être reconduit l'année prochaine.