Opération «Un dictionnaire par cellule» à Lorient
Mieux maîtriser la langue française en détention
Le 27 mai 2013 a été lancée l’opération «un dictionnaire par cellule» au centre pénitentiaire de Lorient (56). Cette action qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme, déclarée grande cause nationale 2013 par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a pour objectif de permettre aux personnes détenues de mieux maîtriser la langue française en détention.
Michel Combe, enseignant et responsable de l’unité d’enseignement au centre pénitentiaire de Lorient revient sur ce projet.
1-Comment et pourquoi ce programme a t-il été mis en place en détention ?
Les personnes détenues scolarisées souhaitaient pouvoir emprunter des dictionnaires pour continuer leur travail en cellule que ce soit pour rédiger un courrier administratif ou familial. Dans un premier temps, la bibliothèque de l’établissement prêtait des dictionnaires mais il y a eu une augmentation des demandes de la part des personnes détenues (envie de découvrir de nouveaux mots, utiliser le dictionnaire pour faire des mots croisés). En 2010, j’ai eu connaissance de l’opération menée par la Fondation «les arts et les autres», partenaire de l’administration pénitentiaire, qui équipait les établissements pénitentiaires en dictionnaires. Grâce au financement du conseil général du Morbihan (56) et de l’association éducative et sportive d’aide aux détenus (AESAD) et aux conditions commerciales consenties par les éditions Larousse, 200 exemplaires ont pu être achetés.
En mai 2013, les premiers dictionnaires sont arrivés au centre pénitentiaire de Lorient. Des dictionnaires français qui font désormais partie intégrante de l’inventaire de la cellule.
Des dictionnaires bilingues (Français-Russe, Français-Italien, Français-Arabe, Français-Polonais, Français-Allemand, Français-Espagnol et Français-Anglais) ont été également mis à disposition de la population détenue non-francophone. Ils sont disponibles au quartier arrivants et la bibliothèque de l’établissement.
2- Comment vont être utilisés les dictionnaires en détention ?
Au centre pénitentiaire de Lorient, 9% de la population détenue sont en situation d’illettrisme avéré et 19% éprouvent des difficultés de lecture d'après le test «Lecture et Population Pénale». Au niveau national, 11% de la population pénale souffrent d’illettrisme et 16% ont des difficultés à lire un texte. Pour permettre aux personnes détenues en difficulté de mieux maîtriser la langue française, différents cours ont été mis en place : cours de FLE (français langue étrangère), préparation au CAP ou au brevet, préparation au DAEU (diplôme d’accès à l’enseignement universitaire) par tutorat et cours par correspondance.
Les personnes détenues utilisent les dictionnaires essentiellement durant les cours de FLE. C’est devenu un outil indispensable pour toute personne qui s’inscrit dans un parcours de formation. Un module spécifique pour apprendre à bien se servir d’un dictionnaire est actuellement à l’étude.
3-D’autres initiatives similaires sont-elles prévues en détention ?
Une fois le déploiement de cette opération achevé pour les 187 cellules, durant le dernier trimestre de 2013 une enquête d’utilisation et de satisfaction sera proposée sur l’ensemble de l’établissement. En 2012 d’autres opérations similaires ont eu lieu au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède et à la maison centrale de Clairvaux. Prochainement, la maison d’arrêt de Strasbourg sera dotée d’une cinquantaine de dictionnaires grâce à la participation des éditions Le Robert.
L’administration pénitentiaire souhaite étendre cette expérience sur un plus grand nombre d’établissements afin de faire entrer le monde de l’écrit dans les cellules et de contribuer ainsi à la réinsertion des personnes détenues.
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