La médiation animale en détention
Un pas vers la réinsertion
Depuis fin novembre 2012, le centre de détention de Saint-Mihiel (55- département de la Meuse) expérimente la médiation animale auprès des personnes détenues.Chaque semaine des intervenants extérieurs proposent bénévolement une séance d’1h30 de médiation animale avec des labradors. Objectif : permettre à une personne détenue de rompre l’isolement de la détention et de se responsabiliser en apprenant à s’occuper d’un animal.

3 questions à Amandine Schivi conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) sur cette expérience.
1-Comment est venue l’idée d’introduire des animaux en détention ?
«C’est en s’inspirant de l’activité menée par l’association Evi’dence à la maison d’arrêt de Strasbourg que l’antenne du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de Saint-Mihiel a mis en place cette activité de médiation animale.
L’activité menée à la maison d’arrêt de Strasbourg avait rencontré un franc succès. Les personnes détenues qui participaient à cette expérience pouvaient renouer des liens en amenant les animaux en cellule, ce qui influençait positivement leur réinsertion.
Au centre de détention de Saint-Mihiel, c’est Samira Saïdi, de l’unité locale d’enseignement, qui a fait le lien avec 2 bénévoles, titulaires de la formation «chien visiteur». En tant qu’enseignante, elle trouvait cette activité pédagogique et constructive et les deux bénévoles souhaitaient mettre à profit leur savoir au bénéfice des personnes en difficulté».
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2-Comment se déroule une séance de médiation animale et comment réagissent les personnes détenues au contact des animaux ?
«L’activité de médiation animale a lieu chaque semaine à raison d’1h ou 1h30. Deux labradors sont autorisés à entrer en détention accompagnés des bénévoles. En tout, 4 personnes détenues, sélectionnées notamment sur leur comportement en détention et leur projet de réinsertion, participent à l’activité.
Les participants sont en général très impatients de retrouver les chiens d’une semaine sur l’autre.
Les chiens aussi attendent de retrouver leur second maître, et dès qu’ils sont entrés en détention, inutile de leur montrer le chemin, ils le connaissent par cœur.
Au cours de la séance, les personnes détenues apprennent à éduquer, soigner l’animal. C’est aussi l’apprentissage du respect de l’autre. Dès lors débute un beau moment d’échange et de partage».
3-Est-ce que cette expérience a un impact sur leur réinsertion ?
«L’activité a un impact sur chaque participant à différents niveaux. Une des personnes détenues est sortie de son isolement et envisage dorénavant un travail au sein de la détention ou une formation. Un autre participant a su mettre à profit cette activité et s’en servir comme un tremplin. Il a pris confiance en lui au contact des animaux et travaille désormais à la cuisine de l’établissement. Il envisage son avenir avec plus de sérénité.
Il est bientôt envisagé que les personnes détenues fassent une démonstration à leurs codétenus, de ce qu’ils ont appris durant leurs séances de médiation animale.
La médiation animale est une pratique qui permet aux personnes détenues de se responsabiliser et surtout de renouer le contact avec l’extérieur. D’autres établissements pénitentiaires expérimentent ce concept comme en Bretagne par exemple.
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