Il s'agit d'une première pour les personnels pénitentiaires et les auteurs de violences intrafamiliales.Le ministère de la Justice lance une expérimentation basée sur la réalité virtuelle pour déconstruire le cycle de la violence. Ce nouveau dispositif s’ajoute aux prises en charge déjà mises en œuvre par l’administration pénitentiaire.
Dès octobre 2021 et pour une durée de deux mois, l’expérimentation auprès de 28 volontaires débutera dans trois SPIP (services pénitentiaires d’insertion et de probation) de Seine-Saint-Denis (antenne MA Villepinte), du Rhône et de Seine-et-Marne (antenne MO Meaux). Ce projet, inédit et mené en partenariat avec la start-up lyonnaise Reverto, spécialisée dans la réduction des comportements à risques vise à tester l’usage de la réalité virtuelle dans les prises en charge des auteurs de violences conjugales. Il consiste à leur proposer de visionner un film 360°, qui les immergera dans des scènes quotidiennes de violences conjugales en navigant du point de vue de l’auteur, de la victime et de l’enfant témoin. Le but :susciter de l’empathie pour les victimes et initier une discussion avec les équipes d’accompagnement sur la gravité des actes.
Le projet fera en parallèle l’objet de deux recherches et évaluation. La première sera menée chez Reverto par Lénaïc Cadet, doctorante en psychologie cognitive à l’université de Lyon II. Elle aura pour but d’évaluer l’appropriation des outils de réalité virtuelle par les professionnels et les personnes concernées pour dégager des recommandations opérationnelles. La deuxième sera conduite par l’université de Rennes dans le cadre du projet de recherche intitulé « la réalité virtuelle, un nouvel outil d’accompagnement des auteurs de violences conjugales (Revie) ». Il recherchera l'impact de l’ expérimentation sur les personnes suivies dans la perspective de généraliser l’utilisation de la réalité virtuelle.
Selon les résultats obtenus, le dispositif, déjà testé en Espagne, pourra faire l’objet d’évolution, avant d’être généralisé à l’ensemble de l’administration pénitentiaire, comme élargi à d’autres problématiques (violences faites aux personnels, addictions...).
Par ailleurs, pour renforcer la politique pénale prioritaire que représente la lutte contre les violences conjugales, 61 juristes assistants ont été déployés, début septembre, dans les juridictions exposées au plus gros volume d’affaires. 106 personnels supplémentaires permettront de faire face au travail d’évaluation des dossiers et de mise en place de mesures de protection.
En parallèle, le dispositif de contrôle judiciaire renforcé avec placement probatoire, expérimenté à Nîmes et Colmar, va être étendu à huit ressorts supplémentaires. Ce dispositif permet l’éviction immédiate du conjoint violent, et le contraint à résider dans un hébergement d’accueil adapté pour un suivi global, sanitaire et social.
Enfin, pour faciliter le travail des juridictions, un document regroupant toutes les préconisations et bonnes pratiques relatives au traitement judiciaire de ces violences est mis à leur disposition.
>> Découvrez le principe de cette expérimentation en vidéo :