Les lauréats des Parcours du goût 2016 reçus à la Chancellerie

Retour sur une visite exceptionnelle

Etre primés dans le cadre du grand concours culinaire de la PJJ peut mener à tout, y compris sous les lambris de l’Hôtel de Bourvallais siège du ministère français de la Justice depuis 1718. Jason, David et Antoine*, adolescents pris en charge et l’équipe de professionnels engagés avec eux sur les Parcours du goût (responsable technique, cuisinières, éducateur) en ont fait l’expérience singulière et inoubliable. Accueillis par Monsieur Pierre Caroff, responsable des recherches au département des Archives, de la Documentation et du Patrimoine du Secrétariat général, le petit groupe d’abord été guidé à travers l’enfilade de pièces où se mêlent trois siècles d’architecture, d’art et de politique. Marie-Christine Borowiak, directrice de l’Etablissement de placement éducatif Artois commente « Pour ces jeunes, c’est un peu irréel. Il y a beaucoup de timidité, on le voit dans leurs expressions, leur façon de se tenir mais il y a aussi beaucoup de curiosité ».

En haut de l’escalier d’honneur, Jason est absorbé par l’histoire de la tenture qui s’étale au-dessus de lui, tandis que les deux autres jeunes écoutent d’une oreille distraite en tournant autour d’une grosse commode Boulle. « C’est de l’or ? », « combien ça coûte ? ». Les questions fusent, parfois inattendues. « Vous savez que vous êtes propriétaire de tout ça ? leur lance Caroline Montagné, photographe du Ministère. « c’est du patrimoine national.  Il appartient à tous les citoyens. Donc ils vous appartiennent à vous aussi ». Tandis que les professionnels admirent les richesses de la Galerie Peyronnet et les murs en marbres de Provence, Jason hésite devant un fauteuil de style Restauration. "On a le droit de s’asseoir là ? c’est confortable ! Tu as l’air d’un ministre", lui lance son éducateur!. "Je préfère être Président !"

C’est au tour de Monsieur Olive, intendant du garde des Sceaux de prendre le relais. Son métier ? faire le lien avec la restauration, s’assurer que tout est en ordre pour les repas et dîners officiels. Une table « témoin » a été dressée par ses soins au centre du salon pour un exercice pratique. Jason*, toujours volontaire, prend place et écoute, concentré, les explications sur l’utilisation des multiples couverts posés devant lui.

Dernière étape de l’aventure, une mini-master classe a été organisée par tout le staff des cuisines du ministre. Tous les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’un véritable dîner ont été disposés sur un vaste présentoir. A force d’encouragements, les trois jeunes participent, chacun à leur manière, d’abord timidement puis avec assurance. Jason se lance dans la préparation de l'entrée sous la houlette ferme mais bienveillante de Monsieur Robert, chef cuisinier, « même si tu ne veux pas en faire ton métier, il faut apprendre à faire une vinaigrette, au moins pour ta copine ! », puis il interroge : "c’est quoi ça ?". "De la Citronnelle !" lance un jeune tout content de lui. Monsieur Robert confie « ils sont assez durs de caractère mais des jeunes comme ça, dans des brigades en cuisine, on en a vraiment besoin et je pense qu’on peut arriver à faire quelque chose avec eux ».

Marie-Christine Borowiak savoure ce moment et explique « La participation aux Parcours du Goût a été une réelle découverte et un défi : celui de commencer quelque chose et savoir le finir, ce qui n’est pas évident pour eux. Les jeunes grandissent, ils prennent en maturité, ça leur fait du bien. Ils sont plus à l’écoute de l’adulte car ils savent qu’ils peuvent lui faire confiance. On le voit, en fin de visite, ils sont beaucoup plus détendus et ils n’ont pas trop mal participé, je trouve ».

Cette expérience enrichissante pour tous s’est conclue par la visite de Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, ministre de la Justice, venu saluer et encourager chacun des participants. Gageons que cette initiative sera reconduite l’an prochain pour accueillir les prochains lauréats des Parcours du goût.

*Les prénoms ont été modifiés