L’observation
Les sciences du psychisme au cœur de la justice des enfants (1942-1975)
Les nouveaux centres d’observation et de triage, expérimentés dans l’entre-deux-guerres et généralisés à partir de la loi du 27 juillet 1942, signent l’entrée en force de nouveaux experts de l’enfance : médecins, neurologues, psychologues, psychiatres…

Les mineurs sont confiés à ces centres par les juges des enfants qui doivent dorénavant s’intéresser davantage à la personnalité de l’enfant qu’à l’acte délictueux commis. L’observation se déroule sur une durée de trois mois.
Il ne s’agit aucunement de procéder à une intervention éducative, mais plutôt de mener une étude comportementale sur le jeune dans un internat, en essayant de détecter ses troubles, ses capacités physiques, mentales, professionnelles et d’établir une expertise permettant au magistrat de la jeunesse de proposer un traitement éducatif adapté.
Cette observation se veut totalisante :
chaque moment de la journée et de la nuit, chaque attitude et production du jeune étant objet d’évaluation.
La richesse des dossiers d’observation permet d’accéder à la parole et au vécu des adolescentes de l’après-guerre jusqu’aux Trente glorieuses.
CITATION
« 7h45 : heure du lever ; riche en sujets d’observation. L’enfant courageux et actif surgit de son lit au 1er appel, prêt à délier ses membres avides de mouvements ; le paresseux fait la sourde oreille et attend avec un plaisir coupable mêlé d’anxiété le 2ème appel […]La revue est pittoresque et permet de déceler l’enfant qui a la notion de son corps et en tient compte. Cette première partie nous fournit donc un certain nombre d’indications. C’est à ce moment que nous remarquons les énurétiques. Au point de vue psychomoteur : l’état dépressif ou au contraire l’hyper-émotivité, la débilité motrice, l’adresse, la dextérité. D’autre part, sur le plan caractériel et intellectuel : la paresse ou la promptitude, l’esprit de suite ou de laisser aller, l’esprit d’observation ou d’indiérence, le sens de l’entr’aide ou l’égoïsme […] »
Dr Jean Dechaume sur les 24 heures de l’observation d’un enfant, années 1950
© ENPJJ - Printemps 2017