"Coup de feu" à Vendôme
L'insertion professionnelle des mineurs
Un mineur de 17 ans, suivi par les éducateurs de la Protection judiciaire de la Jeunesse, est accueilli depuis le 1er juin 2011 dans les cuisines de la Chancellerie pour un stage de découverte. A l’initiative de Michel MERCIER, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés, ce projet aboutira à la rentrée 2011 à la signature d’un contrat d’apprentissage pour préparer, en deux ans, un CAP cuisine en alternance. Une première qui souligne l’engagement du ministère dans l’insertion professionnelle des mineurs sous mandat judiciaire.

Franck, 17 ans, et Michel ROBERT, son futur maître d’apprentissage. © Laurence CAVÉ, DPJJ-SCoRE |
Des poêles qui crépitent, des casseroles qui frémissent, des fumets qui s’exhalent, une dizaine de cuisiniers et de maîtres d’hôtel qui pressent le pas. Comme tous les matins, c’est l’effervescence dans l’office du ministre. Et de l’énergie, il en faut pour préparer et servir les 2 000 repas qui sortent chaque mois des cuisines du ministère.
Franck(*), 17 ans, qui est en stage de découverte pour deux mois, en a conscience. Le jeune homme se lève à 6 heures du lundi au vendredi pour être à 8h30 place Vendôme. En cas de retard, la corvée de nettoyage des réfrigérateurs lui serait dévolue. Mais nul besoin de ce motif pour motiver l’adolescent. « Ça ne me dérange pas de me lever tôt, je suis content d’aller au travail », affirme Franck dans un large sourire. Suivi par les éducateurs de la Protection judiciaire de la Jeunesse dans le cadre d'une mesure de liberté surveillée préjudicielle, le jeune homme a déjà reçu une préformation à la cuisine au sein d’un restaurant d’application. Une activité de jour qui a déclenché en lui l’envie d’en faire son métier.
Un contrat d’apprentissage pour préparer un CAP cuisine
L’idée d’accueillir un mineur au sein du ministère pour l’aider à mener à bien son projet est née de la volonté du ministre de la Justice et des Libertés de promouvoir l’insertion professionnelle et l’apprentissage des jeunes sous mandat judiciaire. « Ce projet a été porté par le chef de cabinet du garde des Sceaux, Patrick MARTINEZ, et Jean-Louis DAUMAS, directeur de la Protection judiciaire de la Jeunesse, qui nous a beaucoup facilité la tâche », souligne Eric BOMBARDI, chargé de la logistique et de l’intendance générale au cabinet du garde des Sceaux.
Grâce à la mobilisation de chacun, le jeune homme a désormais l’opportunité d’aiguiser ses connaissances dans un cadre de prestige et au contact de professionnels au degré d’exigence élevé. « Le ministre reçoit de nombreuses personnalités et des délégations étrangères ; nous n’avons pas droit à l’erreur, poursuit celui qui est également le tuteur de Franck à la Chancellerie. Nous lui avons expliqué que c’était une véritable chance qui s’offrait à lui et qu’il fallait qu’il la saisisse ». L’adolescent, visiblement attentif et un peu impressionné, semble en avoir pris bonne note. L’enjeu est certes l’apprentissage des gestes professionnels et des règles d’hygiène mais également celui de la socialisation. Un cadre comme celui de l’Hôtel de Bourvallais exige une certaine tenue et un comportement irréprochable. « Le premier jour il répondait « Ouais M’sieur » à son formateur, se souvient Eric BOMBARDI. Maintenant, il lui sert du « Oui, chef ! » toute la journée ».
En septembre, Franck signera un contrat d’apprentissage pour préparer un CAP cuisine. Pendant deux ans, il alternera cours théoriques dans un centre de formation d’apprentis (CFA) et pratique professionnelles dans les cuisines de la Chancellerie. Son futur maître d’apprentissage, Michel ROBERT, chef à l’office du ministre, le prépare déjà à ce qu’il attend de son élève. « Tu dois absolument avoir ton CAP et je ferai tout pour que tu le décroches. Tu peux compter sur moi, je ne te lâcherai pas ! ». Des paroles fermes qui semblent avoir fait leur chemin chez ce jeune homme qui a pris conscience des espérances que l’on a placées en lui. A 15 heures, Franck rentrera chez lui, couchera comme chaque jour par écrit tout ce qu’il aura appris dans la journée et préparera peut-être, comme l’autre jour, un gratin dauphinois pour sa maman.
(*) Pour préserver l’anonymat du mineur, son prénom a été modifié.