"Construire une justice des mineurs transversale et efficace"
Retour sur le 1er comité de pilotage de la justice des mineurs
Le 29 mars 2016 a eu lieu, sur le site Olympe de Gouges, le premier comité de pilotage de la justice des mineurs, installé par Jean-Jacques URVOAS, garde des Sceaux, ministre de la Justice. Ce nouveau rendez-vous annuel a pour principal objectif de réunir les acteurs judiciaires de la justice des mineurs à l'échelon des cours d'appel et des directions inter-régionales de la protection judiciaire de la jeunesse mais également l'ensemble des directions du ministère concernées ainsi que les écoles (ENM, ENPJJ, ENG). Il permet d'aborder les questions se posant dans ce champ, de formuler des préconisations et des pistes d’amélioration.
La mise en place de ce comité de pilotage national de la justice des mineurs avait été annoncée par la note d’orientation de la protection judiciaire de la jeunesse du 30 septembre 2014 afin de garantir et de promouvoir la continuité des parcours des jeunes pris en charge au titre de la protection judiciaire de la jeunesse.
Cette installation a pour ambition de s'inscrire dans une approche dynamique et transversale et de générer une volonté de collaboration efficiente et efficace de tous les acteurs de la justice des mineurs. Elle a ainsi marqué le début d'un travail de coopération et les prochains rendez-vous constitueront des temps fort de rassemblement autour de thématiques communes nourries notamment par l'actualité politique et législative.
Une concertation impérative
Ce comité de pilotage a mis l’accent sur la nécessaire articulation des acteurs de la justice des mineurs à travers l’exemple de la mise en œuvre de la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant. Catherine SULTAN, directrice de la protection judiciaire de la jeunesse, et Carole CHAMPALAUNE, directrice des affaires civiles et du sceau, ont exposé les grands axes de la loi et ses apports notamment en matière de gouvernance et de sécurisation du parcours de l’enfant. Elles ont insisté sur l’importance de décloisonner les fonctionnements et d’engager une réflexion collective, dans le respect des spécificités de chacun mais sur des bases partagées.
Pour une meilleure organisation
Marielle THUAU, directrice des services judiciaires, a ensuite présenté les impacts de la réforme « Justice du 21e siècle » visant à favoriser une organisation de la justice plus lisible et efficace. Elle a évoqué la création de pôles au sein des tribunaux de grande instance et des cours d’appel pour aider à harmoniser les pratiques mais aussi l’expérimentation des conseils de juridiction et la création de conférences annuelles sur la justice des mineurs.
Travailler en commun sur la détention
La détention des mineurs a été au cœur d’échanges entre Anne-Sylvie SOUDOPLATOFF, sous-directrice des missions de protection judiciaire et d’éducation à la DPJJ, et Martine BARDET, sous-directrice des missions à la direction de l'administration pénitentiaire. L’occasion de détailler les travaux menés en commun par la DPJJ et la DAP sur des problématiques telles que le suivi des mineurs devenant majeurs en détention, la sortie de détention et les alternatives à la détention des mineurs.
Sur la politique pénale en matière de mineurs
Robert GELLI, directeur des affaires criminelles et des grâces, a ensuite abordé la question de la politique pénale concernant les mineurs. Il a rappelé la spécificité de l’action des parquets en matière de mineurs : « la réponse pénale doit pouvoir être la plus diversifiée possible pour s’adapter à l’infraction et à la personnalité du mineur ». Pour lui, cela passe nécessairement « par une bonne connaissance de tous les dispositifs locaux et par une orientation du jeune la plus rapide possible ».
Fabienne KLEIN-DONATI, Procureure de la République du TGI de Bobigny, est intervenue pour illustrer l’importance de la participation du parquet aux politiques partenariales. A Bobigny, un magistrat réserviste est d’ailleurs dédié à ce rôle de concertation et assure la présence du parquet dans les diverses instances partenariales de la juridiction, notamment les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance. « Cela nous permet de ne pas perdre le fil de toutes les actions mises en place sur le territoire », a précisé Fabienne KLEIN-DONATI.
L’accent a été mis sur les alternatives aux poursuites à travers la présentation, par Mireille STISSI, directrice inter-régionale de la PJJ Grand-Centre, et Jean-Jacques BOSC, Procureur général, d’une étude réalisée sur la Cour d’appel de Dijon.
Pour des politiques régionales concertées
Ce premier comité de pilotage s’est achevé par des retours d’expériences sur la conférence des mineurs mise en place depuis décembre 2015 en Savoie. Marc BRZEGOWY, directeur inter-régional Centre-Est, Michel ALLAIX, Premier président de la Cour d'Appel de Chambéry, et Jacques DALLEST, Procureur général de la Cour d'appel de Chambéry, ont témoigné de la richesse de ces rencontres institutionnelles régulières permettant de traiter de sujets d’actualité et d’apporter une réponse locale à des préoccupations communes. Parmi les perspectives envisagées figurent le développement de réunions thématiques et la multiplication des discussions avec les conseils départementaux.
Rendez-vous en 2017 pour le deuxième comité de pilotage de la justice des mineurs.
Crédits photo : MJ/DICOM