Avant-première du documentaire "La vie devant eux"

« Un mot résume beaucoup de choses, la bienveillance »

Le 20 septembre 2016 a eu lieu, sur le site Olympe de Gouges du ministère de la Justice, la projection en avant-première du documentaire "La vie devant eux". Ce film juste et sensible nous immerge dans le quotidien d’un séjour de remobilisation au centre éducatif renforcé (CER) Cacao, en Guyane, au cœur de la forêt amazonienne. L'événement s'est déroulé en présence de Catherine SULTAN, directrice de la protection judiciaire de la jeunesse, de la réalisatrice Virginie BÉTILLE, de la productrice Anne GINTZBURGER, de membres de l'équipe éducative du CER Cacao. Parmi les spectateurs figuraient également Jean-Michel HAYAT, président du TGI de Paris, et Colette CAPDEVIELLE, députée des Pyrénées-Atlantiques, et des représentants du Groupe SOS qui gère le CER.
"La vie devant eux" sera diffusé sur France Ô le 19 octobre prochain à 20h50, dans l’émission "Investigations".

Virginie BÉTILLE, Franck VRIGNON, chef opérateur image, et Frédéric KLEIN, chef opérateur son, ont partagé les conditions de vie et les expériences des mineurs et des éducateurs au centre éducatif renforcé Cacao installé à 70 km de Cayenne et accessible uniquement en pirogue. Sur deux périodes, au début et à la fin d’une session de 4 mois et demi, ils ont accompagné le groupe 24 heures sur 24, partagé leurs repas, dormi en hamacs dans le dortoir des éducateurs... Par leur discrétion et les liens de confiance qu’ils ont su tisser, ils ont capté avec subtilité les interactions entre les jeunes et l’équipe éducative, l’atmosphère et les enjeux de ce dispositif éducatif hors du commun. 

Ce séjour de remobilisation vise à aider les huit jeunes placés à reprendre leur vie en main, à rompre avec un passé difficile et à amorcer une insertion scolaire et professionnelle. Entre confrontations musclées, accompagnement des éducateurs et défis sportifs, se dessine peut-être, dans ce décor en forme de huis clos, une nouvelle voie pour sortir de la délinquance et retrouver l’estime de soi.

Pour la réalisatrice, engagée, sensible aux problématiques de la justice des mineurs : « ce film porte un espoir : que l’avenir de ces jeunes puisse s’écrire ailleurs qu’entre les murs d’une prison. Qu’ils aient la vie devant eux ».

« Le temps est notre allié »

Après la projection du documentaire en avant-première, place aux débats.

Catherine SULTAN, Virginie BÉTILLE, Anne GINTZBURGER, Erwan GOURMELEN, directeur du CER Cacao, Gilles BLAKAMAN, éducateur au CER, et Christelle CHAPELET, psychologue du centre, ont répondu aux nombreuses questions du public visiblement conquis par la force du documentaire. Les discussions ont mis l’accent sur l’engagement et la créativité des professionnels de la PJJ mais aussi sur la diversification les modes de suivi et la complémentarité entre le secteur public et le secteur associatif habilité.

« Un mot résume beaucoup de choses, c’est la bienveillance, celle que vous avez pour ces jeunes », a adressé Virginie BÉTILLE à l’équipe du CER en évoquant ses souvenirs de tournage. « Ce qui donne de la force à cette histoire c’est la cohésion des éducateurs », a ajouté Anne GINTZBURGER.

« Une fois l’équipe éducative rassurée, l’équipe de tournage a été parfaitement intégrée et a su passer inaperçue », a souligné Erwan GOURMELEN, directeur du CER de Cacao, en remerciant la réalisatrice.

La productrice a, d’autre part, insisté sur l’importance de restituer avec finesse ce qui se passe dans les structures : « Le temps est notre allié, vous, dans vos pratiques, nous [médias, documentaristes...] dans les nôtres. Nous avons à faire œuvre commune de pédagogie. Il faut qu’on réfléchisse tous ensemble aux messages que nous envoyons sur la vie de ces mineurs, sur leurs parcours, sur leurs échanges avec les professionnels dans le cadre des mesures éducatives ».

« Ce qui me marque [dans ce documentaire] c’est le temps. Le temps permet de construire quelque chose », a déclaré Catherine SULTAN, directrice de la protection judiciaire de la jeunesse, rappelant que « dans un centre éducatif renforcé comme dans un centre éducatif fermé, on parle d’éducation. L’objectif est le même : aider ces adolescents à se construire. Et il y a toujours un avant et un après avec des mesures de milieu ouvert qui vont s’exercer sur la longueur ».