La justice sort de sa bulle à Angoulême
Exposition et conférence au palais de justice pendant le festival de BD
À l’occasion du 40ème festival international de la bande dessinée, le tribunal de grande instance d’Angoulême a ouvert ses portes au public. La bande dessinée était en effet un bon prétexte pour faire rentrer les bédéphiles dans le palais pour une exposition-conférence sur la justice dans la bande dessinée. Avec « Au nom de la loi », la justice s’est offert une bulle d’air dans le festival.

Avec 220 000 visiteurs pendant le festival et un palais situé au cœur d’Angoulême, il aurait été dommage de se priver. « Après mon installation, l’an dernier, je me suis promené en ville pendant le festival et j’ai constaté que le palais était fermé. » Michaël Janas, président du tribunal contacte l'organisation du festival et lance un projet pour l’année d’après. Magistrats, greffiers, fonctionnaires et avocats, tous travaillent pendant un an à un projet liant leur travail quotidien et le festival. Le thème, la justice dans la bande dessinée, est vite choisi, mais la préparation a été faite avec une rigueur très juridique. Un commissaire d’exposition, éditeur et scénariste, a fouillé case par case toute allusion au juge et au droit. En dix panneaux, l’exposition « Au nom de la loi », redessine les relations entre une institution millénaire et le neuvième art.
Des caricatures des gens de justice de Daumier à la retranscription en BD de procès contemporains, ce sont plusieurs images de la justice qui s’affichent. Pour le procureur d’Angoulême, Patrice Cambérou, cela a été une surprise de découvrir cette masse de littérature « l’enquête criminelle, les affaires retentissantes, la nécessité de punir le crime, bien défendre quelqu’un ; sous tous les angles, la BD s’intéresse à la justice. »
C’est un thème que les auteurs n’ont pas toujours abordé sous l’angle documentaire. « La BD possède une fibre comique mais il y a un travail très sérieux, très révérant dans les dernières productions, nuance Jean-Luc Fromental, commissaire de l’exposition, « ce qui est apparu, c’est la relativité de l’idée de justice, la quête est la même mais les moyens d’y parvenir changent selon les époques et les cultures. » Un art grand public qui trace trait pour trait l’image de la justice dans la société, avec ses défauts, réels ou supposés.
Le côté populaire de la BD, lue de 7 à 77 ans, c’est ce qui a plu au bâtonnier Virginie Barraud Le Boulc’h, en y associant le barreau de Charente, elle a vu dans l’exposition « un autre moyen de promouvoir l’accès au droit ». C’est d’ailleurs sous l’égide du centre départemental d’accès au droit que le projet a été conduit. Avec 8000 visiteurs, le public a montré son intérêt, sans case « The end » pour l’exposition qui sera amenée à voyager en France et à l’étranger.

« Dans une bibliothèque, seules les BD sont lues et relues plusieurs fois » Michael Janas, président du TGI.

L'exposition montre l'évolution de l'image de la justice dans la bande dessinée.

« L'intérêt du public pour la justice dans la BD donne du sens à notre métier » Patrice Cambérou, procureur.

Le juge Bao, juge incorruptible aux pleins pouvoirs en Chine au XI° siècle, Éditions Fei.

« Écrire et dessiner, c'est un système de double preuve ; représentée dans la BD l'image de la justice y gagne » Jean-Luc Fromental, commissaire d'exposition.

Plus de 8 000 personnes ont visité l'exposition pendant le festival.

« Avant le festival, les professionnels de justice de Charente ont rencontré plus de 1000 élèves » Sandrine Mugerli, directrice de greffe.

Bédéistes et professionnels du droit débattent dans la salle de la cour d'assises.

« La BD nous fait entrer plus facilement dans le monde de la justice » Virginie Barraud Le Boulc'h, bâtonnier de la Charente.