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L'écrou est l'acte constitutif de l'incarcération. Un acte d'écrou est dressé pour toute personne qui est conduite dans un établissement pénitentiaire ou qui s'y présente librement. Chaque prison est pourvue d'un registre d'écrou conservé dans la salle du greffe. Pour tout détenu, il existe aujourd'hui une fiche pénale (fiche signalétique, état-civil, nature et durée de la peine...). Dans les dernières années du XIXe siècle, les recherches sur la criminalité conduisirent Alphonse Bertillon, le fondateur de la police scientifique, à développer les procédés d'identification des criminels, la photographie et l'anthropométrie. Un matériel spécialisé fut dès lors utilisé dans tous les établissements pénitentiaires : table, tabouret, toise, compas de proportion, tablette et encreur pour prise d'empreintes digitales. Une fiche anthropométrique était établie pour chaque détenu, avec ses mensurations (taille, buste, largeur de crâne, dimensions du nez, des oreilles, de tous les doigts, couleur des yeux, barbe et moustache, cicatrice, etc.) Cette fiche n'a plus été établie après 1970. 
Le voleur à la tire. Fiche anthropométrique vers 1875. 
Chaise anthropométrique, vers 1890. 
Laboratoire de Bertillon à la Préfecture de police de Paris, vers 1890. 
Le service anthropométrique au Palais de Justice de Paris, la salle des gardiens Gravure de Jean de Haener, 1890. 
Tableau des nuances de l'iris humain, d'après la méthode de M. Alphonse Bertillon. 
Instructions signalétiques par Alphonse Bertillon, Melun, 1893. Relevé du signalement anthropométrique. 
Fresnes La salle du greffe, 1930 Photo Henri Manuel.
L'uniforme du détenu vise à distinguer le condamné qui, par son délit, s'est retranché du corps social. Ce costume de couleur sombre, gris ou brun, révèle son infamie. "Si tout condamné doit prendre le costume pénal de la maison, tout prévenu doit être libre de conserver ses vêtements et de s'en procurer de nouveaux. L'État ne doit lui en fournir que s'il en manque, ou s'il est dans l'indigence." Au XXe siècle, les tenues pénales sont fabriquées dans les ateliers pénitentiaires. Les condamnés furent astreints à porter le costume pénal jusqu'en 1983.  |  | Détenues en tenue pénale, 1930. Photo Henri Manuel. | Retour de promenade - femmes détenues en costume pénale, 1930. Photo Henri Manuel. |
Depuis 1820, et pendant tout le XIXe siècle, les hommes condamnés recevaient tous les deux ans: - trois chemises,
- une casquette de feutre gris,
- deux tabliers de travail en toile,
- une veste,
- un gilet,
- un pantalon en droguet de coton ou de laine,
- des chaussons,
- des sabots tous les trois mois.
 |  | Détenu à la maison de correction de Poissy, vers 1860. Gravure de Gavarni. |
Les femmes condamnées recevaient : - un bonnet,
- trois chemises,
- deux fichus de toile de couleur pour le cou,
- un corset et un jupon en droguet,
- une jupe en toile de chanvre,
- deux paires de chaussons en droguet,
- des bas de laine...
 |  | Jeune fille et femme détenues à la maison d'arrêt de Saint-Lazare, Paris, vers 1840. Gravure de H. Monnier. |

Robe de droguet, vers 1930.
La discipline carcérale fut organisée dans les maisons centrales et les prisons départementales par une ordonnance de Louis-Philippe du 10 mai 1839 et le règlement général du 30 octobre 1841. Les principales infractions conduisant le détenu devant le prétoire de discipline (sorte de tribunal interne dans la prison) sont le non respect de l'obligation du silence, les fraudes sur le tabac et le vin, les vols, les agressions ou les insultes à gardiens, les atteintes aux mœurs... De nos jours, le régime disciplinaire des détenus est fondé sur le respect des droits de l'Homme. L'emploi de chaînes et de fers est complètement prohibé ; les menottes et les entraves, utilisées au cours de transfèrements, ne sont plus jamais appliquées à titre de sanction. Le détenu qui a commis une infraction à la discipline peut être puni de mise en cellule disciplinaire, mais il passe d'abord en commission de discipline où il peut se faire représenter par un avocat. 
Rapport individuel du gardien-chef sur un détenu d'un atelier de chaussons, 26 octobre 1867. Pour avoir bavardé ensemble à plusieurs reprises différentes pendant la journée et après les avoir plusieurs fois rappelé à l’ordre, n’en avoir pas tenu compte. H. à 5h1/2 du soir, lorsque je lui donnais l’ordre de se taire, m’avoir répondu " Est-ce que je vous dis quelque chose à vous ? " Pour avoir quitté sa place sans permission à 11 h et demi du matin pour aller demander un outil à un autre détenu, avoir adressé la parole à d’autres détenus en y allant et en revenant. s’être très mal tenu à table au repas du soir et lorsque je lui faisais l’observation de se tenir convenablement avoir murmuré entre les dents. 
Loi sur la répression des crimes, 1880. Affiche. 
Femme punie vêtue d'une camisole de force. Photo Henri Manuel, 1930. 
Panneau d'entraves (entraves, menottes, cadenas). Maison d'arrêt de Nancy, 1930. Photo Henri Manuel. 
Cellule d'isolement calfeutrée. Photo Henri Manuel, 1930. 
Cellule disciplinaire à la maison d'arrêt de Laval, 1970 Photo Henri Manuel. 
Commission de discipline, Aquarelle de N. Herrenschmidt, 1997.
Jusqu'en 1994, la prise en charge sanitaire des détenus était assurée par l'administration pénitentiaire. Celle-ci se heurtait encore en 1945 à de récurrents problèmes d'hygiène et d'épidémies telles la tuberculose. La réforme Amor, en 1945, prévoit la création dans chaque établissement d'un service médico-psychologique. Mais il faut attendre les années 1980 pour voir les premiers vrais progrès avec le contrôle sanitaire confié au ministère de la santé (1983) et la création de services de psychiatrie, les SMPR (1986). La réforme la plus importante en matière de santé date de 1994, lorsque la prise en charge sanitaire des détenus est transférée au service hospitalier. Dans chaque prison est alors installée une " unité de consultation et de soins ambulatoires " (UCSA), où interviennent médecins, infirmiers, dentistes… Chaque détenu à son arrivée se voit remettre une trousse d'hygiène. Chaque cellule est dotée d'un sanitaire et, dans les nouveaux établissements, d'une douche. Côté nourriture, contrairement aux prisons américaines, il n'existe plus de réfectoire : les détenus prennent leur repas dans leur cellule. Ils sont servis et préparés par des détenus, qui travaillent au " service général " et sont encadrés par des surveillants et personnels techniques. Les repas sont confectionnés dans le respect des règles d'hygiène mais aussi diététiques et prennent en compte des critères tels que l'âge, l'état de santé ou les convictions religieuses. 
Bon pour une livre et demi de sucre, 1853. Maison de déportation de Belle-Ile-en- Mer.  |  | Réserve alimentaire. Photo Henri Manuel | La boulangerie : réserve de pain sur des étagères. Photo Henri Manuel | | |  |  | Les cuisines : détenus préparant le chariot à repas. Photo Henri Manuel. | Le Boxes et baignoires, 1930.,
Photo Henri Manuel - 1930. | | |  |  | Deux détenus prenant leur bain. Photo Henri Manuel. | Toilette de détenus. Maison d'arrêt de Loos, 1930 Photo Henri Manuel. |

"Défense de cracher". Affichette de lutte contre la tuberculose , vers 1925. 
Fourchette avalée par un détenu. Radiographie. Hôpital pénitentiaire de Fresnes, vers 1975. 
Infirmerie. Aquarelle de Noëlle Herrenschmidt, 1996. 
Distribution de médicaments Centre pénitentiaire de Lorient, 1996. |